C’est quoi la solidarité à la légion étrangère ?
La nécessité de prendre en charge les légionnaires dans les moments difficiles, pour leur apporter assistance et confort et se substituer à une famille absente ou défaillante, est apparue très tôt à la légion étrangère. Car la légion étrangère constitue un « milieu social particulier », qui implique la conduite d’une « action sociale particulière ».
Dès le début de l’implantation de la légion étrangère sur « les possessions françaises dans le nord de l’Afrique» (futur Algérie), en raison du nombre de malades et de blessés, les premiers gestes de solidarité, donc d’action sociale, consistèrent à créer des centres de convalescence et de repos
Le premier fut créé à Alger, en 1834, à la « villa Abdel tif » sur les hauteurs de Mustapha. Il fut suivi par d’autres dans l’Oranais ou en métropole près de Marseille.
Dès 1874 fut mis en place, à Oran, un organisme destiné à faciliter l’échange d’habits civils et militaires entre les nouveaux engagés volontaires qui arrivaient et les libérables qui partaient. Il préfigurait l’organisation du futur « vestiaire des libérables », créé en 1946 et qui devait devenir le « vestiaire du légionnaire ».
En 1930 sont créés les centres de repos d’Arzew et de Salé (près de Rabat) au Maroc. Puis celui d’Auriol toujours en 1930 et celui de la Ciotat en 1950, près de Marseille.
Après la seconde guerre mondiale, une maison fut ouverte pour accueillir les invalides, d’abord à Crémieu, dans l’Isère, puis à Balme les Grottes. Mais ces actions étaient le plus souvent officieuses, car devant l’inaction des uns et des autres le légionnaire agit et la devise « Nécessitée faisant loi » motive souvent ses actions. Celles-ci furent entreprises au nom de la solidarité, par d’anciens de la légion et financées par eux même mais également par la légion étrangère financées par le truchement de « caisses noires » alimentées par les bénéfices des foyers ou la vente des produits des ateliers d‘artisanat d’art et des fermes de Khamisis et du Kreider exploitées par les légionnaires.
En 1950, l’inspection du contrôle des armées fut horrifiée par ces pratiques. Elle en a interdit aussitôt l’usage tout en reconnaissant la nécessité absolue de cette action. Le 1° Avril 1950 est créé un organisme officiel, le « fonds central de comptabilité » qui devint ensuite le « Fonds central des œuvres légionnaires ».
Toujours en 1950, au même temps que le groupement autonome de la Légion étrangère (G.A.L.E.), ancêtre du G.L.E. et du C.O.M.L.E. actuel, fut créé à Sidi-Bel-Abbès un Service du Moral, qui fut baptisé, en 1953, « Service du Moral et des Œuvres de la Légion Etrangère » (S.M.O.L.E.)*
C’est au cours de la même période que, grâce à l’appui du général Koenig, un certain nombre d’actions furent entreprises, en particulier la remise gracieuse par l’état du domaine de Puyloubier.
Ce domaine, baptisé « capitaine Danjou » et inauguré le 2 mai 1954 permit d’accueillir les nombreux blessés d’Indochine au sein d’un organisme nommé « l’Institution des Invalides de la Légion Etrangère » (I.I.L.E.)
Pour conclure.
Deux chefs ont contribué au développement de cette solidarité que l’on peut nommer « tradition sociale » avant même qu’elle soit officialisée :
Le général Rollet, dans la période de l’ « entre-deux-guerres »
Le colonel Gaultier, entre 1945 et 1950, lorsqu’il commandait le Dépôt Commun des Régiments Etrangers (D.C.R.E.) ; L’organisation qu’il avait mis en place a été officialisée à partir de 1950, en grande partie grâce à l’action du général Koenig qui, en sa qualité de commandant des Forces d’occupation Françaises en Allemagne,(F.F.A.) puis comme ministre de la défense, facilita la mise en place de structure adaptées dont l’organisation actuelle est l’héritière.
Notez que les actions de solidarité de ces deux chefs sont nées de la douleur. Rollet après la 1° guerre mondiale et Gaultier après la seconde guerre mondiale. De même que Koenig pour l’IILE, Puyloubier, à la fin de la guerre d’Indochine. Guerre que le général Coullon, ancien C.O.M.L.E., a qualifié de « génocide de l’armée française ».
*S.M.O.L.E. en 1965 il est réorganisé et rebaptisé Service Moral et Foyer d’Entraide de la Légion Etrangère (S.M./F.E.L.E.) qui en 2000 prendra l’appellation de Division du Service du Moral et foyer d’Entraide de la Légion Etrangère.(D.S.M./F.E.L.E.). En 2002, il change d’organisation et devient le Bureau d’Action Sociale et d’Entraide de la Légion Etrangère / Foyer d’Entraide de la Légion Etrangère (BA.S.E.L.E./F.E.L.E.)
PYC
Ref : - « Le recueil des traditions et des spécificités de la légion étrangère » n° 008301/COMLE/EM/SCEM – 11 Juillet 2005.
- « nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu » B. Werber, ed 2011